COP26 - Des avancées réelles mais un manque d'ambition qui reste spectaculairement inadmissible

La 26ème Conférence des Parties (COP26) s’achève ce samedi 13 novembre avec un bilan très mitigé mais qui offre des perspectives. Les attentes citoyennes étaient très importantes. Beaucoup y voyaient l’impulsion nécessaire pour accélérer la transition vers une société bas carbone. La mécanique complexe de la décision mondiale et la frilosité voire le conservatisme de certains Etats ont toutefois fortement limité les avancées réelles. 

Néanmoins, la résignation n’est pas une option et il s’agit dès à présent de consolider l’acquis et de continuer d’avancer.  

Avant de dresser ce bilan, il faut insister sur l’urgence climatique. Pas de temps à perdre ! Selon Philippe Henry, Vice-Président, Ministre du Climat, de l’Energie et de la Mobilité de Wallonie : « Dans mon rôle de représentant de la Belgique au sein de l’Union européenne, j’ai été en mesure de porter une voie progressiste et il y a de vraies avancées. Mais force est de constater que la perception que nous devons être en état d’urgence climatique n’est pas partagée par tous. ».  

Au terme d’une ultime journée de négociation, les parties ont adopté le Pacte de Glasgow, marqué par quelques avancées significatives.  

L’ambition environnementale de l’Accord de Paris est réaffirmée : « 1,5°C is still alive ». Pas question ici de revenir en arrière sur la cible qui doit, en accord avec les scénarios scientifiques du Groupe Intergouvernemental de l’Evolution du Climat (GIEC), nous permettre un futur viable pour tous. Ce n’était pas évident car certains pays souhaitaient revenir en arrière, pour se permettre un niveau d’ambition de réduction des émissions plus faible. C’est malheureusement un discours aussi présent dans certaines pays ou régions industrielles qui ne prennent pas au sérieux l’urgence climatique, pourtant mise en évidence par les scientifiques, alors que le coût de l’inaction est supérieur au coût de l’action. Sur base des déclarations des Etats, le scénario actuel serait de +2,7°C, ce qui reste spectaculairement inadmissible. Nous connaissons le chemin qu’il reste à faire. Il faudra convaincre ici et ailleurs. Dans les aspects positifs du Pacte de Glasgow, absent dans l’Accord de Paris (2015), il faut noter la référence à la sortie du charbon et du pétrole. Le texte adopté appelle à "intensifier les efforts vers la réduction du charbon sans systèmes de capture (de CO2) et à la sortie des subventions inefficaces aux énergies fossiles".  

L’Accord de Paris de 2015 implique aussi un engagement financier essentiel dans la solidarité Nord Sud : le Financement Climatique International à hauteur de 100 milliards de dollars par an à partir de 2020. Cet objectif n’a hélas pas été atteint jusqu’ici. Approximativement 80 milliards sont actuellement délivrés selon les meilleures estimations. Le Pacte de Glasgow prévoit de réduire au maximum cet écart et invite les parties à doubler leurs engagements d’ici 2025. A son échelle, à l’initiative du Ministre Philippe Henry, la Wallonie a augmenté son niveau d’engagement de 50%, passant de 8,25 à 12,50 millions d’euros dès l’année 2022.  

Ce financement international doit être équilibré entre les mesures visant l’atténuation (réduire les émissions) et celles visant l’adaptation. Sur ce dernier volet, la décision finale de la COP26 a permis d’augmenter le financement de l’adaptation. Il s’agit ici de renforcer la protection des plus vulnérables. Cela a une dimension particulièrement importante pour le Ministre Philippe Henry en lien avec les événements climatiques du mois de juillet dernier en Wallonie. S’adapter au changement climatique doit permettre de protéger tous les citoyens.  

Cela est également à mettre en relation avec le thème clef des « Pertes et préjudices » (Loss and damage). Choisi par ses homologues européens pour mener les débats à l’échelle mondiale, le Ministre Henry a pu exercer un rôle clef dans la négociation internationale. Philippe Henry : « je participe aux COP depuis mon premier mandat de ministre en 2009. Depuis, j’ai toujours souhaité y jouer un rôle actif, au-delà même de la représentation de la Belgique ou de la Wallonie. Ce fut le cas notamment en 2012, où j’avais négocié sur les mécanismes de flexibilité. Durant cette COP26, j’ai mené les négociations au nom de l’Union européenne sur les pertes et préjudices. Un thème complexe mais essentiel. Cela a aussi été un moment important, en relation avec les conséquences des inondations de juillet en Wallonie ».  

A Glasgow, des progrès importants permettent maintenant de répondre aux attentes des plus vulnérables face aux conséquences inéluctables du changement climatique.  

En outre, la Wallonie, a elle-même annoncé ce samedi une mesure fort appréciée par de nombreux pays victimes des changements climatiques : 1 million d’euros seront consacrés au renforcement des mesures « Pertes et préjudices », à l’instar de ce que l’Ecosse avait elle-même annoncé quelques jours plus tôt.  

La Belgique a aussi joué un rôle majeur dans la finalisation des règles techniques visant à opérationnaliser l’Accord de Paris. Il manquait celles relatives à l’article 6 concernant les mécanismes de coopération. En d’autres termes, les dispositions de cet article permettent aux Etats, voire à d’autres entités, de réaliser les mesures d’atténuation là où elles sont les plus efficaces. Un Etat pourrait mettre en œuvre des politiques concrètes en-dehors de son territoire et pourrait bénéficier des réductions d’émissions engendrées. La Belgique a porté son attention sur la question de l’intégrité environnementale du système. Nous avons veillé à éviter que les règles ne permettent de déroger à la mise en œuvre de mesures directes aux bénéfices des citoyens et de leur consommation énergétique. Nous avons contribué à mettre en place des balises qui garantissent l’intégrité environnementale et qui évitent des impacts sociaux inacceptables pour les plus vulnérables. Mais cet accord n’est pas parfait. Il faudra rester vigilant dans sa mise en œuvre.  

Cette vision synthétique d’un accord en demi-teinte ne doit pas occulter un autre rôle essentiel d’une COP : le monde parle au monde. En marge des négociations, le Ministre Philippe Henry a multiplié les rencontres (notamment avec les pays de la Francophonie, le Benelux ou l’agence IRENA pour les énergies renouvelables) ainsi que l’organisation et la participation à des événements (par exemple sur l’hydrogène vert ou les processus participatifs citoyens). Sur place, de nombreux acteurs étaient également présents, avec qui des discussions approfondies ont pu avoir lieu, notamment les représentants de Youth for Climate ou la Coalition Climat.  

En étroite collaboration avec l’Agence Wallonne à l’Exportation (AWEX) et Wallonie Bruxelles International (WBI), nous avons également contribué à un volet économique, impliquant une quinzaine d’entreprises wallonnes, expérimentées dans le domaine de la construction et le bâtiment durable. Un vrai succès avec 80 participants pour un événement commun organisé les 9 et 10 novembre, doublé d’une diffusion en direct via les réseaux sociaux.

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